Finies les bandes blanches ?

Peut-être avez-vous croisé des passages piétons aux looks futuristes. De nouveaux marquages au sol sont en effet testés dans Paris depuis le mois de juin. À certains carrefours en zone 30, les larges bandes blanches signalant un passage piéton sont remplacées par des pixels, des rectangles, des rayures et autres clous ou inscriptions.

Visibilité, clarté et intérêt pour les usagers de la route, vous êtes invité à donner votre avis. Objectif : mieux signaler ces zones 30 et les « zones de rencontre » pour aider chacun à les repérer… et à mieux les respecter. Explications avec Alain Boulanger, de l’Agence de la mobilité de la Division de la voirie et des déplacements.

On connaît les zones 30 mais qu’est-ce qu’une zone de rencontre ?

Alain : Dans une zone 30, les vélos peuvent circuler dans les deux sens (en effet les contre-sens cyclables y sont systématiques). Dans les zones de rencontre c’est également cas mais en plus les piétons n’ont pas de restrictions de circulation : ils peuvent marcher où ils veulent, y compris sur la chaussée et pas seulement sur les trottoirs. Dans certains quartiers il existe déjà de fait des zones de rencontre : dans le Marais notamment ou vers Saint-André-des-arts.

Pourquoi cette expérimentation de nouveaux marquages ?

Alain : Tout est parti de la volonté du Maire de lutter contre la pollution. Un des leviers à notre disposition est de réduire la vitesse maximum autorisée. Nous avons ainsi généralisé les zones trente aux abords de toutes les écoles et revu la carte des zones trente. Dans certains quartiers, deux zones trente étaient séparées par une rue à 50 km/h, une transition pas très cohérente ni évidente à repérer. Mieux valait limiter aussi la vitesse dans cette rue à 30 km/h. On a également étendu le périmètre de certaines zone 30, notamment lorsqu’elles touchaient un quartier avec des rues étroites. Puis nous avons réfléchi à utiliser un autre outil, ces « zones de rencontre ». Quand on a mis en place la plupart des zones 30, nous a mis en place des passages piétons surélevés, des carrefours surélevés. L’idée est de trouver un dispositif plus léger et efficace.

Une enquête auprès des automobilistes et des autres usagers a montré que même s’ils comprennent qu’ils rentrent dans une zone où la vitesse est limitée à 30, ils ne savent quand ils en sortent. Ils ne sont pas capables de dire qu’ils sont toujours à l’intérieur de la zone 30. Les panneaux malheureusement ne seraient pas suffisamment vus à la différence du marquage au sol. Les doubles sens cyclables notamment seraient bien identifiés et signifient clairement la zone 30. La conclusion a été que le marquage au sol a un impact plus fort sur les usagers de la route et présente un autre avantage : on peut le retrouver partout dans la zone.

Comment avez-vous choisi les 5 marquages testés et quels sont les premiers retours ?

Alain : Nous travaillons avec un bureau d’étude qui a interrogé un petit groupe de personnes représentatives des différents usagers. Il leur a été demandé comment selon eux faire comprendre que l’on pouvait marcher partout. La demande est d’avoir quelque chose qui rappelle l’espace dans lequel on est. Mais on leur a aussi demandé s’il y a avait un intérêt à conserver des passages piétons si on peut traverser partout. La réponse a été clairement oui, les passages piétons sont des guides pour le cheminement, appréciés par les personnes âgées notamment. Et puis pour les enfants, il est difficile de leur apprendre à traverser aux passages piétons et, dans une zone de rencontre, de leur dire de traverser n’ importe où. Enfin les associations de malvoyants nous ont expliqué que les passages étaient ainsi bien identifiés et que les chiens d’aveugles sont dressés pour ne pas traverser hors des passages piétons. Il y a cinq marquages testés avec des variantes pour les zones 30 et les zones de rencontre et un système de motifs de rappel ponctuels sur la chaussée.

Les marquages testés

  • Les portées : les bandes sont inversées, c’est la voiture qui traverse sur des lignes blanches. Principe : trois fois trois bandes fines en zone 30 et d’une fois 5 bandes fines en zone de rencontre.
  • Les rectangles : on efface la partie centrale de la classique bande blanche. Elle est amputée d’un tiers dans les zones 30 ; il n’en reste que les extrémités dans les zones de rencontre.
  • Les clous : un clin d’œil au petit surnom des passages piétons. Ils sont proposés soit avec de vrais clous, soit réalisés par des ronds de peinture blanche.
  • Les pixels : plutôt prévus pour les zones de rencontres, ils rappellent l’art de rue.
  • Les lettres : l’initiative vient de Strasbourg, l’inscription Zone 30 s’insère dans les bandes blanches du passage piéton classique. Ils sont exclusivement prévus pour les zones 30 et peuvent être associés à une autre famille de marquage pour les zones de rencontre.

Quelles suites ?

Alain : On ne veut pas mettre en place quelque chose qui ne soit pas réglementé. Paris n’est pas la seule à réaliser cette expérimentation ; d’autres grandes villes réfléchissent également à la question. On travaille avec la Direction de la sécurité et de la circulation routière en vue d’homologuer une solution. Peut-être que les propositions ne les convaincront pas, peut-être que plusieurs seront retenues. L’expérimentation dure jusqu’en décembre. Ce que l’on sait c’est que l’on restera sur la couleur blanche parce qu’elle permet un bon contraste visuel et parce qu’elle est plus facile et moins coûteuse d’entretien.

On recueille un maximum d’avis via le site paris.fr mais aussi en organisant d’autres groupes avec le bureau d’étude. Il y en a un bientôt avec des enfants ; on continue à recevoir les avis des associations d’handicapés. Après les signalisations testées ayant été réalisées avec une peinture qui va s’effacer peu à peu. La question est de savoir ce que l’on fait quand elles s’effacent : on retrace les bandes blanches habituelles ou on prolonge l’expérience ?

En pratique : où tester les marquages ?

Pour donner son avis : paris.fr