Balade : 5 mythes et légendes qui ont marqué Paris

À Paris, on raconte que chaque coin de rue recèle une histoire. Qu’elles soient sombres ou lumineuses, avérées ou fabulées, ces légendes habitent nos quartiers. Prêts à enfourcher votre vélo pour une balade passionnante et hors du temps ? Vous ne verrez plus jamais la Métropole du Grand Paris comme avant !

1. Pigalle & son Parrain

Connaissez-vous l’histoire d’Hélène Martini, véritable reine des nuits de Pigalle ? C’est simple : le Parrain, c’est elle. Arrivée dans la capitale depuis la Pologne en 1945, Hélène de Creyssac démarre une carrière de mannequin nu aux Folies Bergère avant de rencontrer son futur mari, Nachat Martini, un riche avocat. Ensemble, ils partent à la conquête de Pigalle et rachètent de nombreux cabarets, en commençant par les Folies Pigalle, le Sphinx et le Narcisse. En 1960, alors que la machine est lancée, son mari décède dans des circonstances douteuses. La femme insaisissable et aux nombreux secrets (Aime-t-elle les femmes ? A-t-elle tué son mari ? A-t-elle gagné trois millions de francs à la loterie ?) continue de régner sur les nuits et le gratin parisien. Elle met ensuite la main sur le théâtre Mogador, les Bouffes-Parisiens, la Comédie de Paris, le Pigall’s, le Shéhérazade, la Nouvelle Athènes, le Raspoutine… Autant admirée que crainte de tous, Madame Martini ne connaît jamais une seule fermeture administrative, mène ses établissements d’une main de fer et grimpe tous les soirs dans une Rolls Royce avec chauffeur pour récupérer des sommes d’argent liquide inimaginables dans ses caisses. Cette légende de la nuit, qui a grandement contribué à la renommée de Pigalle, a fait l’objet d’un livre, Et si le parrain était une femme (Arnaud Ardoin, editions du Seuil).

🚲 Station Place Pigalle

📌 Place Pigalle, 75009 Paris

Hélène Martini à Pigalle. © Vittoriano Rastelli/Corbis sur Getty Images

2. Bagneux & sa Résistante

A Bagneux, au sud de la capitale et à quelques mètres à peine de la station Vélib’ Verdun – Henri Barbusse se trouve l’arrêt Bagneux-Lucie Aubrac. Le terminus sud de l’une des lignes les plus fréquentées de Paris rend hommage à une grande dame, Grand officier de la Légion d’honneur, décédée le 14 mars 2007 à Issy-les-Moulineaux : Lucie Aubrac. Née le 29 juin 1912, cette femme d’exception s’est illustrée dans la Résistance lors de l’Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. Il faut dire qu’elle n’avait pas froid aux yeux : engagée dans la Résistance dès ses débuts, elle organise l’évasion de son mari prisonnier de guerre en Moselle en août 1940, puis le fera de nouveau libérer à deux reprises, trois ans plus tard… Brillante, cette agrégée d’histoire diplômée de l’Ecole Normale mènera de nombreux combats tout au long de sa vie : contre la guerre d’Algérie, auprès d’Amnesty International, puis dans le Réseau Femmes pour la parité… Elle se bat aussi pour la défense des sans-papiers. Toute sa vie, celle que l’on surnommera « Madame conscience », a écumé les écoles de France pour transmettre la mémoire de la Résistance et répéter cet engagement pour la liberté : « Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent ».

🚲 Station Verdun – Henri Barbusse

📌 63 Rue de Verdun, 92220 Bagneux

Vue de l’entrée de la Station © Ismaël Alves sur Flickr

3. Montmartre & son mystérieux rocher

Si vous en doutiez encore, la métropole regorge de légendes urbaines ! Parmi les plus tenaces, qui se murmurent de bouche à oreille depuis près de deux siècles, figure celle du seul et unique vestige du maquis de Montmartre : l’intrigant rocher qui trône au milieu du passage secret entre l’avenue Junot et la rue Lepic. Appelée “la sourcière”, cette ancienne fontaine fut rebaptisée “le rocher de la sorcière” par les enfants du quartier, effrayés par l’étrange vieille femme qui vivait seule juste à côté. Pendant très longtemps, les habitants de Montmartre continuèrent à craindre les pouvoirs maléfiques de cet étrange rocher… aujourd’hui le passage est difficilement accessible, donnant accès à des résidences parmi les plus cossues du quartier.

🚲 Station Lepic – Armée d’Orient

📌 72 Rue Lepic, 75018 Paris

4. Pantin & son affaire de Voies

« La place des femmes dans l’espace public est une question primordiale de nos villes aujourd’hui. Elle se traduit notamment dans la nomination des lieux. Trop longtemps, les rues, les places, les stades ont porté les noms d’hommes, certes illustres, mais oubliant ainsi l’autre moitié de l’humanité. »

Décidée à rendre hommage aux femmes qui ont marqué la ville, la mairie de Pantin a choisi de les féminiser en faisant participer ses habitants au choix des noms des futures rues en construction lors d’un vote en 2020. Depuis, badauds et riverains déambulent chaque jour au milieu des noms de femmes illustres, Pantinoises ou non, à l’instar de Marguerite Yourcenar ou encore Barbara dans le quartier des Courtillières.

Une belle initiative pour réduire l’écart de représentativité entre les femmes et les hommes dans l’espace public.

Notre favorite ? La rue Lucienne Gérain à Église de Pantin, inaugurée quelques années plus tôt. Lucienne Gérain, Pantinoise pure souche née en 1903, a été la première femme secrétaire générale de mairie d’une commune de plus de 30 000 habitants. Elle a d’ailleurs été décorée de la Légion d’honneur pour sa carrière au service de la ville.

🚲 Station Charles de Gaulle – Jean Lolive

📌 139 avenue Jean Lolive, 93500 Pantin

La Ville de Pantin

5. Paname & son légendaire piaf

Comment passer à côté de LA légende parisienne par excellence, Edith Piaf, l’enfant de Belleville qui est née à Tenon (20e) et a roulé sa bosse dans tout Montmartre sa vie durant ! L’artiste, qui repose aujourd’hui au mythique cimetière du Père Lachaise, a commencé à donner de la voix à 15 ans dans les « beuglants » de Montmartre. C’est là, entre Pigalle et Blanche, qu’elle rencontre P’tit Louis, son premier amour. La Môme écume les cabarets et triomphe au Gerny’s, rue Pierre-Charron (8e), où elle devient véritablement Edith Piaf. Puis tout s’enchaîne. L’Olympia, la salle Pleyel, Bobino… Les salles de spectacle les plus renommées de la capitale lui ouvrent leurs portes et l’artiste, qui ne tient pas en place, ne meuble que très peu ses appartements et aime déménager, passant de la populaire porte de Bagnolet à la bourgeoise porte d’Auteuil. Psst… Ce serait d’ailleurs avenue Marceau que l’un des plus beaux morceaux de la chanson française aurait été écrit : « La Vie en rose » !

Envie d’en savoir plus ? Redécouvrez notre balade dédiée à la Môme !

🚲 Station Place des Abbesses

📌 Place des Abbesses, 75018 Paris

Edith Piaf sur scène © Gaston Paris/Roger Viollet sur Getty Images