A la découverte de Meudon, temple de la science

Meudon, son charme verdoyant, la promesse d’avoir la tête dans les étoiles…mais connaissiez-vous la face cachée de la ville ? Son rayonnement dans le monde des sciences ? Alors suivez-nous à travers une balade qui vous fera voir d’un nouvel œil cette ville qui fait la part belle aux scientifiques !

Station de départ : Station n°21954 Val-Fleury

Station d’arrivée : Station n°21953 Gare de Bellevue

Distance parcourue : env. 7 km

Durée de la balade : env. 2 h. Ce parcours emprunte une route départementale, préférez donc les heures où la circulation est plus calme. Une partie de la balade traverse la forêt mais pas d’inquiétude : vous pouvez rouler sur une voie goudronnée. Si vous êtes muni.e d’une carte, que vous avez du temps devant vous et que vous vous sentez l’âme aventureuse, vous pouvez vous engager dans les allées (et les aléas) de la forêt de Meudon.

 

Montez l’allée de Reffye sur la droite, puis tournez sur votre droite sur la ruelle des Ménagères. Prenez à gauche sur l’avenue Louvois, puis à droite sur l’avenue Victor Hugo et encore à droite, rue Rabelais jusqu’au feu rouge à l’angle avec la rue de la République où vous prenez à gauche puis à droite sur la rue des Pierres, jusqu’au n°11.

 

Le musée d’art et d’histoire de Meudon, à cœur ouvert

Si vous connaissez le musée pour sa collection de sculptures et de peinture, saviez-vous qu’il s’agissait également de l’ancienne demeure d’Ambroise Paré ? Cet homme, qui  a révolutionné la pratique de la médecine, est considéré comme étant l’un des pères de la chirurgie moderne, inventeur de nombreux instruments ainsi que de nouvelles techniques. A l’époque, ce barbier-chirurgien de talent apprend les rudiments du métier auprès d’un barbier (ces derniers, de par leur matériel, réalisaient certains actes médicaux à l’époque) puis à l’Hôtel-Dieu avant de faire ses armes sur les champs de bataille dès 1536. Alors que les blessures par armes à feu se généralisent, Ambroise Paré, soucieux du bien-être de ses patients, invente un mélange de jaunes d’œufs, d’huile de rosat et de térébenthine pour panser les plaies : un cataplasme bien plus efficace et moins douloureux que la cautérisation au fer rouge ou à l’huile bouillante, pratiquées auparavant et qui tuaient souvent le soldat ! Il met également au point un procédé de ligature des vaisseaux pour réduire les hémorragies lors des amputations.

Sa renommée en tant que médecin grandit : il entre au service d’Henri II et l’accompagne dans ses campagnes militaires. Catherine de Médicis le nommera ensuite premier chirurgien de son fils, le jeune roi Charles IX, âgé tout juste de douze ans. Le frère de ce dernier, Henri III (le fameux duc d’Anjou amoureux de la princesse de Clèves !), fera de lui son premier chirurgien.

Malgré une éducation loin des schémas académiques conventionnels, cet homme de terrain, autodidacte se forge un savoir empirique qu’il transmettra dans de nombreux ouvrages de référence pour les générations suivantes… Et en français, loin du grec et du latin, au grand dam des médecins de l’époque !

Ce chirurgien qui s’est littéralement « fait la main » sur les champs de batailles, préfigure les liens étroits qui unissent les sciences modernes et les guerres à Meudon, tant dans les techniques révolutionnaires que les avancées militaires !

Redescendez la rue des Pierres pour continuer rue Langlois et tournez à droite, rue Rabelais, qui se prolonge sur la rue Hérault. Continuez sur l’avenue du Bois. A la fourche, prenez à droite la rue d’Alembert. Tout au bout se trouve l’ONERA.

 

L’office national d’études et de recherches aéronautiques, le vent en poupe !

©Ibex73, sur Wikicommons, soufflerie S1 de l’ONERA Meudon.

 

Vous voilà désormais devant l’ONERA, mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière cet acronyme à rallonge ? Le principal centre de recherche français dans le domaine de l’aérospatial, excusez du peu ! Ce dernier a pour but de conduire, approfondir et guider les recherches dans ce secteur. Ariane, Airbus, Falcon, Rafale, ces noms vous semblent familiers ? Sachez que ces projets ont tous été en partie étudiés derrière ces murs… On vous avait bien dit que Meudon réservait des surprises pour les amoureux des sciences !

Créé en 1946 afin de relancer la recherche aéronautique délaissée pendant l’Occupation, il s’installe naturellement à proximité de l’aérostation de Meudon. Il faut dire que la ville abrite un ensemble de souffleries uniques en Europe  dont la grande soufflerie subsonique S1CH, datant de 1935. Ce chef d’œuvre de l’architecture industrielle de l’entre-deux guerres est considéré comme la plus grande soufflerie au monde lors de sa construction. Mais qu’est-ce qu’une soufflerie ? En bref c’est une salle construite pour réaliser des expériences autour des mouvements de l’air et de leurs effets sur un objet : idéale pour tester les avions, trains, voitures et bâtiments en conditions réelles (notamment de véritables avions  de 12 mètres d’envergure, avec moteur en marche et pilote à bord !).

En 1953, le passage du mur du son y est même simulé une première fois !

Continuons cette virée décapante en prenant un peu de hauteur.

 

Montez la rue des Vertugadins pour prendre à gauche l’avenue de Trivaux. Redoublez bien de vigilance car vous voilà sur la route départementale ! Suivez l’avenue jusqu’au rond-point – le « carrefour des Trois Bornes ». En vous arrêtant directement à gauche, vous aurez une vue sur un immense hangar… pas comme les autres !

 

Le hangar Y, ou Cinq semaines en ballon

©Léa Forget, sur Wikicommons, projet de réhabilitation du Hangar Y par Art Explora

 

Observez cet impressionnant bâtiment de 70 mètres de long : si la structure vous semble familière c’est que vous l’avez déjà croisée ! Le bâtiment devant vous est une des parties de la Galerie des Machines, construite par l’architecte Henri de Dion lors de la célèbre Exposition Universelle de 1878 pour abriter les dernières inventions de la révolution industrielle (imprimeries, machines agricoles, textiles etc.). La structure, facilement montable et démontable, a été réutilisée, entre autres, pour construire les bâtiments qui abritent aujourd’hui les MK2 qui longent le canal de l’Ourq (seules les colonnes en fonte sont encore d’origine).

Le hangar devant vous a quant à lui été reconstruit en 1879 à Meudon pour accueillir une aérostation militaire, d’où l’énigmatique Y pour le désigner. Premier hangar à dirigeable au monde, il accueillera la construction en 1884, du ballon “La France” qui permettra le premier vol contrôlé au monde !

Au fil du temps, le hangar Y est peu à peu délaissé. Il fait office de réserve pour le musée de l’Air pendant de nombreuses années, et il devient atelier pendant quelques mois en 1964, pour Marc Chagall, où il assemblera les différents éléments qui composeront le célèbre plafond de l’Opéra Garnier. En 2003, Jean-Pierre Jeunet le transforme en hôpital de guerre pour quelques scènes de son film Un long dimanche de fiançailles. Après une période d’abandon et une longue rénovation, le Hangar Y renaît de ses cendres et accueillera des visiteurs dans le cadre d’expositions ou d’évènements culturels, dès le printemps prochain !

Prêt pour un nouvel envol…mais en attendant, rapprochons-nous encore un peu plus des nuages.

 

Sortez du carrefour en prenant la rue Cavalière de Latour. Après le panneau “Etangs de Meudon”, prenez la bande cyclable, parfaite pour longer sur votre droite les étangs et se dépayser complètement ! Continuez votre balade et privilégiez la route goudronnée : vous arriverez en face du n°11 de la route Forestière Royale.

 

La tour Berthelot, à la découverte de nouveaux horizons

Vous voilà devant la résidence universitaire d’où vous apercevez au loin, derrière le mur de pierres entre les branches des arbres, celle qui fut vite baptisée la tour Berthelot. Culminant à 28 mètres de haut, cette tour d’expérimentation fut construite à la demande de Marcelin Berthelot en 1882 pour lui permettre de poursuivre ses études de chimie et plus particulièrement  analyser les effets de l’altitude sur le potentiel électrique des plantes et l’impact sur leur fonctionnement…pas le sujet le plus simple on en convient ! Cet ancien professeur au collège de France, membre de l’Académie des sciences, successivement Ministre de l’Instruction publique puis des Affaires étrangères, est également célèbre pour avoir déposé plus de 1200 brevets scientifiques dont il a fait don et qui ont considérablement fait avancer le monde de la chimie. A sa mort, le gouvernement souhaite honorer ce grand homme en transférant ses cendres au Panthéon. Inséparable de sa femme qui l’assista tout au long de sa vie dans ses recherches  (il décèdera quelques minutes seulement après elle), la famille de Berthelot accepte le transfert à la condition que Sophie, née Niaudet, soit enterrée avec lui. Elle devient ainsi la première femme à reposer au Panthéon.

Laissons là nos grands hommes pour nous plonger la tête dans les étoiles.

 

Reprenez la bande cyclable. En bas de la descente, au STOP, prenez à droite la rue des Capucins. Posez pied à terre à la place Jules Janssen, devant les grilles des terrasses de l’observatoire.

 

L’observatoire de Meudon, la tête dans les étoiles

©Jean-Marc Astesana, sur FlickR, La Grande Coupole de l’observatoire de Meudon (abritant la Grande Lunette)

 

Admirez ce bâtiment qui fait la fierté des Meudonnais.e.s : l’observatoire et sa splendide terrasse qui vous font face se trouvent à l’endroit où s’élevait le château Neuf de Meudon. Ce dernier connut son âge d’or au début du XVIIIe siècle grâce aux embellissements successifs réalisés par le nouveau propriétaire, le grand Dauphin, alias le fils du Roi Soleil… Après avoir connu un avenir incertain pendant la période révolutionnaire, avoir été incendié, restauré à nouveau, cette place stratégique pendant les guerres franco-prussiennes prend feu en 1871. Il faudra attendre encore quelques années avant que les ruines du château ne renaissent à nouveau de leurs cendres mais pour prendre un tout autre visage sous les mains de l’astronome Jules Janssen. Désormais le site sera au service de la science, l’observatoire qui y est construit est dédié à l’étude du soleil. Sous ce magnifique dôme de fer se trouve un instrument technologique de haute volée : la plus grande lunette d’Europe qui permet d’observer les étoiles et les planètes.

On vous avait dit que cette balade vous mettrait des étoiles plein les yeux. Filons désormais vers notre dernier arrêt.

 

Descendez l’avenue du Château, toujours tout droit – pas fan des vibrations ? Empruntez la contre-allée sur le côté pour éviter les pavés ! Redoublez de vigilance lorsque vous arrivez au carrefour et continuez sur l’avenue en passant à gauche devant l’église. Continuez tout droit au-dessus des rails pour arriver enfin au 1 Pl. Aristide Briand.

 

Le CNRS, toutes les sciences sous un même toit

Agréablement situé dans le parc du château de Bellevue, le bâtiment, anciennement hôtel-restaurant, école de danse, connut moult affectations  avant d’accueillir l’ORSI (office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions) en 1922 ! A la croisée des chemins, cet organisme a pour vocation d’apporter un soutien aussi bien aux inventeurs qu’aux chercheurs de l’enseignement supérieur. L’électro-aimant de l’Académie des sciences créé à l’issue de 15 ans de recherches en fut l’un des plus grands accomplissements. En 1939, après une nouvelle fusion, il devient le CNRS que l’on connaît aujourd’hui.

Considéré comme l’un des plus grands centres de recherche au monde, il regroupe les domaines des sciences humaines et sociales, la biologie, la chimie, l’écologie et l’environnement, les sciences de l’information, les sciences de l’ingénierie et des systèmes, les mathématiques, la physique, la physique nucléaire et des particules et les sciences de l’univers. C’est un véritable incubateur de talents : plusieurs prix Nobel français travaillèrent dans des laboratoires affiliés au CNRS, notamment le physicien Alain Aspect, récompensé cette année aux côtés de John Clauser et Anton Zeilinger pour ses travaux « avec des photons intriqués, établissant les violations des inégalités de Bell et ouvrant une voie pionnière vers l’informatique quantique ».

 

Votre cerveau commence à surchauffer ? Il est temps de rentrer doucement. Rebroussez chemin pour passer à nouveau au-dessus du chemin de fer. Tournez  à gauche devant la gare pour garer votre Vélib’ à la station Gare de Bellevue. Après toutes ces anecdotes scientifiques faites un tour dans la forêt pour terminer cette visite en beauté !