Le médecin qui suit notamment les cyclistes de haut niveau pour la Fédération Française de Cyclisme, le Docteur Armand Mégret, nous donne des conseils ! Régler sa selle, adopter la bonne cadence, connaître ses limites, comment trouver le juste équilibre et ainsi profiter de tous les bienfaits de la pratique du vélo sur la santé.
Le Docteur Armand Mégret, médecin fédéral national de la Fédération Française de Cyclisme (FFC), assure depuis 1997 toute la surveillance médicale des quelques 200 cyclistes professionnels français et 1000 amateurs de haut niveau. Il suit donc toutes les pathologies qui peuvent découler de cette pratique professionnelle intensive du vélo. Il est en quelque sorte le médecin du travail de ces pros et son expertise alimente également les pratiques des licenciés des clubs de cyclisme, qui participent à des compétitions. Quand on parle de Vélib’, on n’est bien sûr pas sur ce type de pratique mais les constats faits par ce médecin apportent un éclairage intéressant pour qui veut se (re)mettre au vélo intelligemment.
Les vertus du vélo
On connaît les bienfaits du sport sur la santé, mais le vélo à d’autres avantages. « Le vélo est un sport dit porté : à la différence de la course à pieds où le poids du corps se multiplie dans l’effort et où cette onde de choc se répercute, notamment sur les articulations, à vélo on dispose d’au moins trois points d’appui, les mains et les fesses, auxquels s’ajoutent les deux pieds qui s’appuient alternativement sur les pédales » précise le Docteur Armand Mégret. Les sports portés sont ainsi très intéressants pour limiter toutes les « pathologies notamment articulaires et pour le dos » ajoute-t-il. L’effort, bien dosé, permet de ré-oxygéner l’ensemble du corps et a des bienfaits cardiovasculaires et respiratoires bien connus. Enfin, le carburant que vous utilisez à vélo sont essentiellement les graisses, brûlées dans l’effort physique. Mais ces bienfaits ne sont réels qu’avec « une pratique adaptée et progressive » souligne le médecin.
Avant de rouler : régler sa selle
Quand on parle de vélo, surtout à haut niveau, le vélo doit être parfaitement adapté à la morphologie du cycliste : « les segments de membres sont différents d’une personne à l’autre et nos côtés gauches et droits ne sont pas symétriques » explique le Dr Armand Mégret, raison pour laquelle les pros adoptent des vélos très personnalisés. Le Vélib’ est lui un modèle standard, conçu pour s’adapter au plus grand nombre et répondre aux besoins de tous ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas utiliser un vélo personnel. Ce que l’on règle alors pour adapter le Vélib’, c’est la hauteur de la selle. Lorsque l’on est installé sur sa selle, « la pointe des pieds doit toucher le sol » rappelle-t-il. Mais cette règle est à appliquer en fonction de vos sensations : la clé à vélo est d’apprendre à s’auto-évaluer.
Écouter ses sensations
« Le premier critère est celui du confort quand on se remet au vélo » souligne le Docteur Armand Mégret. Si une selle un peu plus basse est plus confortable, il ne faut pas hésiter ! Quitte, petit à petit, avec la pratique, à la remonter progressivement pour respecter la règle de la pointe des pieds en contact avec le sol.
Car si vous ne vous sentez pas à l’aise sur le vélo, « cela génère du stress » qui peut être dangereux si vous vous lancez d’un coup dans la circulation, mais aussi des tensions « et avec elles des douleurs, dans les genoux, le dos » ajoute-t-il. L’idéal est, pour ceux qui n’auraient pas fait de vélo depuis longtemps, de recommencer en douceur à « maîtriser le vélo » (l’équilibre, les trajectoires, le freinage, etc.), d’abord en retrouvant des sensations sur des pistes cyclables à l’écart de la circulation. Et, quand on est prêt à se lancer, les progrès sont rapides !
Des progrès rapides
« Chez les professionnels et plus globalement les cyclistes licenciés qui ont une pratique sportive, leur capacité de production d’énergie et ainsi leurs performances possibles sont précisément évaluées, mesurées » explique le Docteur Armand Mégret. Quelqu’un qui se remettrait au vélo ou n’aurait qu’une pratique irrégulière n’a pas ce suivi, mais « très vite on s’auto-évalue » estime-t-il. Typiquement, on calcule le temps que l’on met à réaliser un trajet réalisé fréquemment. Et plus on fait du vélo, plus évidemment nos performances augmentent.
Adopter le bon rythme
Un bon indicateur est celui du souffle. « Dès que l’on fait du sport, on hyperventile » explique le Docteur Armand Mégret : « la masse d’air qui circule dans les poumons est plus importante ». L’un des avantages du vélo est qu’il est « un sport d’aérobie » : il faut chercher à atteindre le bon équilibre où, tout en pédalant, on conserve la capacité de parler. « Dès que vous ne pouvez plus parler, c’est que vous n’êtes plus en équilibre d’oxygène » résume-t-il. En aérobie, l’ensemble du corps est oxygéné. Étant donné la pollution de l’air dans nos villes, le Docteur Mégret conseille aussi de respirer autant que possible par le nez où nos poils y jouent leur rôle de filtre.
Le bon usage des vitesses est aussi d’importance : « il ne s’agit pas de forcer » insiste-t-il. On doit pouvoir avancer à la force de ses jambes sur une trajectoire droite, sans compenser sur les bras et se retrouver alors à zigzaguer (« tirer des gros braquets »). Enfin, rappelons que ce sont dans vos graisses que vous puisez pour fournir l’effort physique nécessaire et qu’il est ainsi intéressant d’adopter aussi une alimentation équilibrée et de bien penser à s’hydrater…
Le vélo, pratiqué sans excès et progressivement est ainsi un excellent sport pour la santé. Et « on se prend vite au jeu » prévient le docteur Armand Mégret ! Si vous êtes mordus, sachez que de nombreux clubs existent en région parisienne où vous pourrez bénéficier des conseils des techniciens et éducateurs. Avec eux, vous pourrez « peaufiner votre positionnement sur le vélo, évaluer vos capacités physiques et physiologiques ou encore discuter nutrition, pour vous lancer dans des sorties plus longues et une pratique sportive du vélo ». L’invitation est lancée !