Tous les ans, la pollution coûte plus de 101 milliards d’euros à la France! C’est l’estimation basse à laquelle est arrivée une commission d’enquête sénatoriale dans un rapport, “Pollution de l’air, le coût de l’inaction”, publié le 15 juillet 2015. Le rapport de la commission présidée par Jean-François Husson et dont la rapporteuse était Leila a été voté à l’unanimité par les 17 membres de cette commission. Explications.
Suite aux pics de pollution répétés, les sénateurs ont décidé de chiffrer pour la première fois le coût global d’une mauvaise qualité de l’air. En effet, le Sénat a chiffré de manière précise le coût économique et financier de la pollution : ils ne se sont pas arrêtés aux coûts sanitaires mais ont également estimés les pertes économiques, moins connues.
Un coût global de 101,3 milliards d’euros par an !
L’idée des sénateurs est simple : si les effets néfastes sur la santé ne sont plus à démontrer, leur constat ne suffit pas à décider les pouvoirs publics de la nécessité d’agir, ni à convaincre les acteurs économiques et l’opinion publique du bien-fondé de ces mesures.
Mais quand on dit qu’une mauvais qualité de l’air correspond à une telle perte, “à l’aberration sanitaire” s’ajoute “l’aberration économique” soulignent les sénateurs et les lois et comportements peuvent alors changer…
68 et 97 milliards : le montant du “désastre sanitaire”
Les pathologies liées à la pollution sont de nature respiratoires comme les bronchites chroniques, l’asthme, des pneumopathies, mais des effets ont également été constatés au niveau cardiovasculaire (sur les risques d’accidents vasculaires cérébraux, de cardiopathies), sur les cancers, etc. S’y ajoutent d’autres “effets inquiétants mis plus récemment en évidence” et notamment sur la grossesse et certains pathologies chroniques comme le diabète. Ce ne sont pas les sénateurs qui le disent mais… Marisol Touraine, Ministre de la santé, auditionnée par la commission.
“Les études scientifiques sont unanimes et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le rappelle régulièrement : la pollution de l’air est le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. Plus de 80% des européens seraient exposés à des niveaux de particules supérieurs à ceux préconisés par l’OMS” a déclaré la Ministre…
Les particules fines et l’ozone, les deux principaux polluants atmosphériques seraient à l’origine de 42 000 à 45 000 décès prématurés. Les arrêts de travail imputables à aux effets de la pollution représentent une perte estimée à 165 millions d’euros (650 000 journées d’arrêts de travail prescrites liées à la mauvaise qualité de l’air). Et certaines pathologies étant multifactorielles, il est difficile d’établir le rôle de la pollution…
Au total, le coût sanitaire demeure toutefois le plus impressionnant : entre 68 et 97 milliards d’euros dépensés tous les ans dont plus de 3 milliards d’euros en coût pour le système de santé liés aux hospitalisations, soins, etc. C’est sans compter le coût humain, pour tous ceux qui en sont victimes et leurs proches…
4,3 milliards de coûts non sanitaires
Les sénateurs ont également estimés les autres conséquences, non sanitaires, de la pollution sur la végétation et la biodiversité, sur l’eau mais aussi sur les bâtiments.
Par exemple, le rendement du blé en Île-de-France est réduit en moyenne de 10% par rapport à une région non polluée à l’ozone. Autre exemple, les effets sur les bâtiments. Les façades des bâtiments sont en effet dégradées par la pollution et le coût des réfections est évalué à 3,4 milliards.
A l’échelle du Panthéon, la rénovation a ainsi coûté dix fois plus que prévu pour atteindre la somme de 900 000 euros ! Des dépenses de prévention et de surveillance et de recherche sont également engagées à cause de la mauvaise qualité de l’air et représentent 28 millions.
D’après la rapporteuse, Leila Aïchi, le coût global de la pollution, s’il nous semble astronomique, est “largement sous-estimé“. Elle explique que les recherches ne s’attaquent pas suffisamment par exemple à “l’effet cocktail”, la présence conjointe de plusieurs polluants.
Si “l’air est globalement moins pollué, la pollution a changé de nature”
ajoute-t-elle. Elle est moins localisée au niveau des sites industriels et plus diffuse. La pollution de l’air intérieur, dans nos maisons et appartements insuffisamment aérés est ainsi mal connue.
La Commission fait 61 propositions d’actions parmi lesquelles une fiscalité écologique, inciter à abandonner les voitures diesel, plus polluantes et plus globalement développer les mobilités durables. Parmi elles, bien sûr, le vélo…
Si chacun limite ses déplacements en voiture, préfère les transports en communs et le co-voiturage ou les véhicules électriques, adopte la marche à pieds et le Vélib’, c’est autant de pollution en moins. Une action citoyenne qui ne sera pas certes suffisante mais permet de contribuer à améliorer la qualité de l’air que nous respirons.
Alors tous à vos Vélib’ !