Bords de Marne : les guinguettes font leur cinéma !

Durant les week-ends de 1859 à 1968, les Parisiens s’évadaient à Joinville-le-Pont ou à Nogent. Ces précurseurs des vacanciers venaient le dimanche se désaltérer à coup de guinguet, un petit vin blanc aigre de l’époque, en regardant les belles danser entre deux joutes sur l’eau… Suivez-nous, on vous emmène !

 

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Départ : Station – Bois de Vincennes

Arrivée : Station – Gare RER – Canadiens

Durée : 2 heures

 

Pavillon Baltard – la guinguette made in 21ème siècle !

Nous débutons cette balade devant le pavillon n°8, l’un des derniers grands parapluies de fer des pavillons Baltard, les “dentelles de Vulcain” comme les décrivait Verlaine. Ce pavillon et ses trésors remplacent depuis 1976 le château de Beauté de Charles V.

Hisser le fer des bâtisses fonctionnelles au même niveau que la pierre des anciens palais royaux : telle était la prouesse du XIXème siècle !

Aujourd’hui, la plupart des guinguettes ont fait place à de belles maisons de maître ou autres résidences. Mais, le pavillon n°8 reste la guinguette la plus moderne de la Marne…

🚲 Station Vélib’ : Station n°41302 – Charles de Gaulle – Beauté

 

Port de Plaisance de Nogent-sur-Marne ; Passerelle des Arts et Viaduc de Nogent

Arrivé sur les bords de Marne, en bas de la côte, admirez l’ancienne plage de la Maison Convert, l’une des plus grandes guinguettes du coin. On y dégustait de la friture ou une matelote de poisson avant d’aller se baigner, de s’essayer aux quilles ou de canoter dans une ambiance joyeuse ! Aujourd’hui la Fédération française d’Aviron occupe les derniers bâtiments qui subsistent : depuis la rive opposée, vous pourrez admirer les avironneurs à l’entrainement !

Vous trouvez cette plage petite ? Erreur, matelots… le port de Plaisance de Nogent sur Marne reste le deuxième port fluvial d’Ile-de-France, après celui de l’Arsenal à Paris !

Découvrez également quatre arches du Pont des Arts de Paris via cette passerelle : la magie ne s’arrêtant pas, elle sert depuis 29 ans de décor au théâtre d’eau Charles Trenet.

Entre les guinguettes festives, les jeux d’eau et la rivière naturelle… on comprend pourquoi Marcel Carné a réalisé son film Nogent, l’Eldorado du dimanche !

🚲 Station Vélib’ : Station n°41303 – Gare de Nogent-le-Perreux

 

 

lle des Loups et Ile d’Amour – un havre de paix pas si sage

Filons le long de ces deux îles aux noms si particuliers…

Longue de seulement 800 m, l’île des Loups a abrité aussi des louves. La maîtresse d’Achille, Briséis, a ainsi donné son nom à une maison close sur l’île. Ces messieurs s’y réjouissaient probablement après avoir joué de leurs muscles à l’un des clubs nautiques de la Société d’Encouragement des Sports Nautiques (Encou). Des vedettes de cinéma, comme Charles Vanel, Marcel Carné ou Marlène Dietrich y firent également escale.

Vous souhaitez vous rendre dans ces îles pleines de souvenirs ? A vos muscles, moussaillons, vous ne pourrez vous y rendre qu’à la rame !

 

Place Daguerre et diorama de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais – l’ancêtre du cinéma

Un diorama… Mais kézako ? Il s’agit de l’un des ancêtres des arts de l’illusion. Traversez le pont et retrouvez ici le dernier et unique diorama conservé au monde dans la commune de Bry-sur-Marne. Avec son grand panneau en trompe-l’œil, Louis Daguerre nous fait croire ici que la petite église de Bry-sur-Marne est une immense église gothique ! Pour honorer la mémoire de son créateur, vous retrouverez une statue le représentant sur la place Daguerre, à la sortie du pont.

🚲 Station Vélib’ : Station n°45004 – République – Louis Loucheur

 

Chez Gégène – un folklore vivifiant

The place to be était bien Chez Gégène, qui perpétue la tradition des guinguettes ! On y dansait la gigue sur la Marne pendant la Grande Guerre, avant qu’elle ne passe de péniche à roulotte durant les années folles.

Eugène Favreux, le fameux Gégène, prend la relève et y propose moult activités (boules, balançoires, boxeur géant dans le jardin) afin d’appâter le chaland. Le clou du spectacle restait quand même son dromadaire…

En 1953, on fredonne la fameuse “À Joinville-le-Pont pon pon” : cet hymne au bal musette fait directement référence à Gégène…

C’est le haut lieu de l’époque, au point qu’il en devienne le plateau des premières émissions télévisées tournées hors les murs sur l’unique chaîne de l’époque : de Jean Gabin à Jean-Louis Trintignant en passant par Doisneau, les grands noms l’honorent. A votre tour !

 

 

Canal de Polangis, Ile Fanac – précurseurs !

En 1860, Julien, un gars de Bercy, sent le filon et ajoute un bal à son nouveau restaurant, tout en profitant des loisirs de l’eau et de l’Île Fanac. Les habitants du quartier (alors) populaire et industriel du Marais sont ravis par ce qui est pour eux, un voyage exotique, de Bastille à Joinville-le-Pont. Pour vous remettre dans le bain animé de cette île aujourd’hui si paisible, plongez dans “Au Bonheur des Dames” : Emile Zola a fait de Chez Julien l’un des décors de fête de son roman.
Preuve encore, s’il en fallait, du succès des lieux, le canal de Polangis situé juste après Chez Gégène est creusé en 1886 pour le simple plaisir du canotage.

Quant à l’île Fanac, elle est la grande sœur de l’île des Loups : elle a vu apparaître le premier club d’Aviron de la Marne en 1883 ! Le bâtiment que vous voyez depuis le petit pont du canal de Polangis est une réplique à l’identique de celui de 1883, ravagé par un incendie il y a de cela quelques années. Pour y accéder, prenez l’escalier ou l’ascenseur depuis le pont de Joinville.

 

🚲 Station Vélib’ : Station n°45002 – Roger Salengro – Général de Gaulle ; Station n°43402 – Place de Verdun

 

Port de Plaisance de Joinville-le-Pont et ancienne usine Pathé – une Cité du cinéma et du divertissement

Dernière étape de notre balade : observez l’enfilade de larges toits à double pans et de la cheminée d’usine. Ça vous donnera une petite idée de la foule qui se retrouvait dans ces dizaines de guinguettes et sur les plages des bords de Marne.

Mais surtout c’est ici que le cinéma français se développe, dans la droite lignée de Daguerre, ancêtre du cinéma, avec la fondation de la société Pathé Frères en 1886 à Vincennes. Très vite, le septième art y prend ses marques : de la fabrication de la pellicule en usine jusqu’à l’exploitation en salle en passant par la recherche, la production et la réalisation en studios.

Les studios de Joinville, Saint-Maurice et Bry sont emblématiques de cette “Cité du cinéma”. D’“Un long dimanche de fiançailles” (2004) à “Hunger Games : La Révolte” (2014), il y en a pour tous les goûts ! Entre 1910 et 1970, Joinville réalise 40% de la production cinématographique nationale. C’est dire si le cinéma est partie prenante de l’âge d’or des bords de Marne : on le surnomme encore aujourd’hui l’Eldorado du dimanche…