Apprendre le vélo à son enfant en 10 leçons

« Quand je serai grand, moi aussi je ferai du Vélib’ ! » lance déjà l’ainé. Pour le préparer à devenir un cycliste urbain accompli, rien ne vaut un apprentissage du vélo dès l’enfance. C’est le moment de lui inculquer tous les bons réflexes utiles, que l’on veuille se promener à vélo en famille ou simplement commencer à lui apprendre à réaliser de petits trajets tout seul…

Procédez par étapes, en commençant par une découverte de l’équilibre, une initiation au maniement du vélo, avant de se familiariser peu à peu avec l’environnement urbain. Pour vous y aider, P’tit Vélib’ vous invite à initier vos enfants aux deux-roues, au calme, au cœur des parcs parisiens et d’autres zones adaptées. On vous prête des vélos pour les initier en toute quiétude !

Avec quelques idées d’exercices à réaliser, lui apprendre à faire du vélo c’est simple et ludique ! Suivez le guide.

1/ Apprivoiser l’objet

Avant même d’enfourcher un vélo, marcher à ses côtés, les mains sur les poignées, est un bon exercice pour prendre conscience de l’espace qu’il occupe. Réaliser un petit parcours permet de se rendre compte de la façon dont il faut tourner pour éviter un obstacle (angle, vitesse, distance), de la place dont on a besoin pour réaliser un demi-tour, de la manière dont les freins fonctionnent et permettent de stopper, plus ou moins nettement, le vélo, etc.

Et tout bêtement, vous pouvez leur apprendre comment :

monter et descendre de vélo. Le mouvement doit être fluide et maîtrisé. C’est le moment de régler correctement la hauteur de la selle, c’est à dire pouvoir toucher le sol avec les pieds. Idéalement, l’enfant apprend à monter et descendre de vélo par la droite : le vélo est alors entre lui et la circulation et, s’il perdait l’équilibre par la suite, il aurait plutôt le réflexe de tomber à droite, côté trottoir, qu’à gauche, coté chaussée.

poser son vélo sur la béquille, contre un mur ou par terre, et puis alors comment le relever. Naturellement, un cycliste ira se placer du côté du guidon et de la selle mais ce n’est pas toujours une évidence pour les petits qui essaient parfois de relever le vélo en se plaçant du côté des roues et plongent vers l’avant pour essayer de le relever. Et tombent en général… Aie.

2/ La draisienne : acquérir le sens de l’équilibre

Une draisienne est un vélo sans pédales qui permet de prendre conscience du jeu d’équilibre nécessaire pour qu’un deux-roues roule droit. Nous avons tous des souvenirs de l’apprentissage du vélo « sans les petites roues » et de nos zigzags avant d’arriver à rouler droit… La draisienne a l’avantage d’initier naturellement au jeu d’équilibre entre maniement du guidon et poids du corps nécessaire pour rouler droit. Une fois cet « équilibre dynamique » acquis, pédaler sera alors un jeu d’enfant ! Les enfants peuvent ainsi se passer complètement de l’étape des petites roues.

Bon à savoir : vous pouvez transformer n’importe quel vélo en draisienne en démontant les pédales temporairement. Des draisiennes P’tit Vélib’ sont disponibles dans certains endroits à Paris.

Exercices d’apprentissage :

– inviter l’enfant à s’asseoir sur la draisienne et à marcher. Petit à petit, il doit essayer de faire des pas de plus en plus grands et prendre de plus en plus de vitesse.

– À partir de maintenant, l’enfant doit tenter de se reposer de moins en moins sur ses pieds et d’essayer de rester en suspension le plus longtemps possible. Les jambes tendues ou fléchies, le jeune cycliste maintient sa direction. Il peut être utile alors de relever un peu la selle pour que l’enfant soit plus sur les pointes de pieds.

Trouver son équilibre grâce au guidon et non au corps, qui doit rester bien droit. Il faut apprendre à regarder droit devant soi ou dans la direction vers laquelle on veut se rendre : le vélo se dirige là où l’on regarde.

– S’entraîner à prendre des virages plus ou moins serrés pour bien se rendre compte de l’espace nécessaire pour négocier un virage.

– Évaluer le freinage d’abord à l’arrêt : appuyer sur le levier de frein et essayer de faire avancer la draisienne. Puis s’élancer et s’entraîner à freiner avec les leviers de freins et non ses pieds.

Ne soyez pas avares d’encouragements pour les aider à prendre de l’assurance.

3/ Pédaler et apprendre à démarrer

Une fois ces bases acquises, il est temps de remettre les pédales et d’apprendre à pédaler et démarrer sans faire d’écarts. Pour y parvenir, il faut acquérir une bonne coordination et prendre le temps de s’exercer.

Apprivoiser le pédalier : dans une pente douce, s’élancer et mettre les pieds sur les pédales sans les regarder puis s’entraîner à pédaler. L’enfant doit apprendre à placer ses pieds sans baisser les yeux.

Démarrer : la manière la plus sure et facile est de placer le vélo entre ses jambes, de positionner une pédale en haut, d’y poser son pied et de donner la première impulsion.

Pédaler : s’entraîner à coordonner les mouvements puis essayer de franchir une légère côte pour se rendre compte que la poussée nécessaire est plus importante. Un démarrage en côte est évidemment plus délicat, surtout sans faire d’écarts…

4/ Freiner

Les enfants doivent apprendre à bien doser le freinage pour être capables de s’arrêter brusquement. Pour ce faire, il faut savoir freiner simultanément avec les freins avant et arrière. Seuls, les freins arrière sont moins efficaces pour s’arrêter rapidement ; les freins avant actionnés trop brusquement risquent eux de bloquer la roue, la roue arrière pouvant alors se soulever et déséquilibrer le cycliste.

Le dosage idéal : 1/3 arrière et 2/3 avant

Exercices :

Gérer sa vitesse : l’adulte marche ou court devant l’enfant à vélo ; celui-ci doit adapter sa vitesse et s’arrêter pour maintenir toujours la même distance entre lui et l’adulte qu’il suit. Il est intéressant d’apprendre à rouler doucement : l’équilibre est alors plus sollicité.

Être prêt à freiner : l’enfant réalise un parcours et doit s’arrêter sur un repère fixe précis annoncé à l’avance (un banc, une croix dessinée au sol, etc.) et dès que l’adulte le lui demande (en sifflant ou en levant le bras par exemple).

5/ Tenir sa trajectoire

Les cyclistes en herbe doivent être capables de réaliser un parcours déterminé et de tenir une trajectoire précise.

Suivre une ligne : l’enfant doit réaliser un parcours avec des passages étroits ou au plus près d’une haie ou les roues bien alignées le long d’une droite, dessinée au sol à la craie par exemple.

Adapter sa trajectoire : ajouter une consigne supplémentaire : l’enfant doit se diriger vers l’adulte puis passer à sa droite ou à sa gauche selon que l’adulte décide de tendre son bras sur la droite ou sur la gauche.

Suivre une trajectoire : suivre un adulte à vélo en maintenant une distance constante et en suivant sa trace le plus précisément possible. Indiquez-lui vos changements de direction à l’avance avec votre bras, l’objectif étant qu’il apprenne à anticiper et à observer son environnement et pas qu’il ne fixe que votre dos 😉

6/ Tourner précisément

Il est indispensable d’être capable de prendre des virages plus ou moins serrés, à des vitesses plus ou moins importantes.

Slalomer : tracez en ligne droite plusieurs repères au sol (croix par terre, dessinées à la craie, etc.) et demandez à l’enfant de slalomer entre ces repères. Arrivé au dernier repère, l’enfant tourne autour et repart dans l’autre sens.

Pour qu’il se perfectionne, vous pouvez rapprocher les repères pour l’obliger à prendre des virages plus serrés ou lui demander de réaliser ce parcours plus vite.

Le 8 : une variante consiste à demander à l’apprenti(e) cycliste de réaliser un huit avec son vélo de plus en plus petit. Vous pouvez aussi lui demander de tracer ainsi au sol tous les chiffres de 1 à 9 (certains sont plus ardus que d’autres comme le 5 mais on ne leur demande pas de les calligraphier précisément !)

7/ Regarder autour de soi et tendre le bras

Avant de pouvoir s’élancer dans la circulation, être capable d’avertir les autres de la direction que l’on va prendre est un prérequis incontournable.

Tourner la tête sans dévier : le jeu du memory. Tout en demandant à l’enfant de maintenir une trajectoire rectiligne, l’inviter, au moment où il passe à côté de vous, à dire quel est l’objet dessiné sur la carte que vous lui montrez alors. Un jeu de memory serait parfait ou à défaut ou de petits objets ou des dessins de votre cru, si vous êtes capables de dessiner quelque chose de raisonnablement visible et reconnaissable (vraiment…). Votre petit(e) cycliste doit être capable de regarder en arrière (et pas seulement sur le côté) sans dévier de sa trajectoire.

Tendre le bras, le « Jacques a dit » à vélo : pour prévenir qu’il tourne, un cycliste doit être capable d’indiquer sa direction sans pour autant dévier de sa trajectoire.

Pour s’entraîner, demander à votre apprenti(e) qui roule librement d’imiter le mouvement que vous faîtes : tendre le bras gauche horizontalement, puis le droit verticalement etc. et ce sans pour autant faire des écarts.

Quand il est suffisamment à l’aise, lancez le « Jacques a dit » : bras à gauche, main droite sur son nez, bras gauche en l’air etc. Là encore, l’enfant doit rester maître de son équilibre et ainsi de sa trajectoire. À vous d’imaginer les gages quand l’enfant s’exécute même quand vous n’aviez pas dit « Jacques a dit »…

8/ Premières expériences en ville : analyser la situation en tant que piéton

Comprendre la circulation et connaître le code de la route sont des acquis essentiels et ce dès que votre enfant, en tant que piéton, va vouloir prendre plus d’indépendance dans la rue. Plus cela va, moins ils acceptent de trotter tranquillement à nos côtés et multiplient les accélérations et arrêts intempestifs… Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les accidents impliquant de jeunes piétons surviennent souvent en présence d’un adulte et près du domicile. Avant 7 ans, l’enfant perçoit mal les distances et les vitesses, identifie difficilement d’où provient un son (gauche ou droite), et surtout il pense que s’il voit une voiture, le conducteur de la voiture le voit aussi

Expliquer les dangers de la rue : apprendre à traverser la rue est un incontournable. Armez-vous de patience ! Dès que l’on est un peu en retard, on presse le pas et on a tendance à ne pas prendre le temps de leur expliquer comment traverser. Or rien ne vaut l’expérience et l’art de la répétition :

– Traverser aux passages piétons et savoir bien décomposer les étapes (regarder à gauche, à droite et de nouveau à gauche),

– S’il y a un feu, attendre systématiquement que le « bonhomme soit vert » (même dans une rue déserte, et oui, c’est parfois dur de s’y tenir),

– Savoir choisir un endroit où l’on a une bonne visibilité si l’on doit traverser en dehors du passage piéton,

– traverser sans courir ni revenir en arrière.

Baliser des itinéraires à pied : profitez de certains itinéraires familiers et courts pour, dès 7-8 ans, apprendre à votre enfant à gagner en autonomie. Repérez avec lui les difficultés (sorties de garage, travaux, baisse de la visibilité en hiver et en soirée, etc.), montrez-lui les panneaux du code de la route, le marquage au sol, faites-lui remarquer le comportement des autres autour de lui. Parlez-lui des contre-sens cyclables, montrez-lui les différents types de pistes cyclables, les feux vélos, parlez-lui du tourne à droite qui ne vaut que pour certains carrefours et pour la première rue à droite.

Il est intéressant de lui proposer, quand il vous semble prêt, d’inverser les rôles et lui demander de vous prendre par la main et de vous guider. Une bonne manière de se rendre compte de ses progrès.

9/ Les dangers et les comportements à éviter

Avant de s’élancer à vélo dans la circulation, il doit être parfaitement à l’aise à vélo et acquérir les règles de sécurité complémentaires, propres aux cyclistes.

Prendre conscience des angles morts : le meilleur moyen est encore, si vous disposez d’une voiture, de proposer à votre enfant de se placer à la place du conducteur (voiture à l’arrêt bien sûr !) et de tester l’étendue de son champ de vision. Vous pouvez aussi demander gentiment aux chauffeurs des bus à l’arrêt aux terminus de leurs lignes, il n’est pas exclu qu’ils autorisent votre enfant à s’asseoir sur son fauteuil (et ensuite je vous suggère d’essayer c’est édifiant ). C’est aussi une bonne manière de souligner que l’une des meilleures manières de se protéger pour un cycliste (et pas seulement) est d’établir un contact visuel avec les autres usagers de la route.

Repérer les mauvaises habitudes : téléphoner en roulant, avoir des écouteurs sur les oreilles, un lacet défait qui pendouille ou une écharpe qui traîne et qui pourraient se prendre dans une roue du vélo, un sac accroché au guidon qui tape dans la roue avant, prendre quelqu’un sur son porte-bagage, mettre un casque sans prendre la peine de l’attacher ou de le régler, autant de comportements qui peuvent se révéler dangereux parce qu’ils montrent que l’on n’est pas attentif.

10/ Premières balades en famille : rouler en file indienne

 

Votre enfant est officiellement un cycliste s’il est capable de :

– démarrer sans zigzaguer,

– rouler droit même à vitesse lente,

– suivre une trajectoire déterminée en virage,

– ralentir et freiner pour s’arrêter à un endroit précis,

– conserver une trajectoire rectiligne en tendant le bras ou regardant vers l’arrière

– prévoir et maintenir une distance de sécurité.

Jusqu’à l’âge de 8 ans, un enfant est autorisé à rouler au pas sur les trottoirs (mais pas vous !). Il est recommandé ensuite de ne pas le laisser circuler seul avant 12 ans en ville, un jeune cycliste ayant du mal à faire face à une circulation complexe et à prendre rapidement les décisions qui s’imposent. Quant aux Vélib’ pour adultes, il pourra les utiliser en libre service à partir de 14 ans.

Pour vos premières balades en famille, votre apprenti(e) cycliste roulera derrière vous en file indienne en maintenant une distance constante. Commencez par lui proposer des balades bien balisées sur un maximum de pistes cyclables. Une carte des itinéraires cyclables parisiens est à votre disposition et pensez aussi aux voies fermées à la circulation automobile tous les dimanches dans le cadre de Paris Respire (liens).

Le/la jeune cycliste doit prendre l’habitude de ne pas rouler trop à droite, au risque de se laisser surprendre par une portière ouverte trop rapidement par un automobiliste garé. Dans les rues étroites, l’inciter à prendre toute sa place sur la chaussée : s’il n’y a pas 1,50m, les voitures n’ont pas le droit de le/la dépasser !

Commenter avec votre enfant les situations que vous avez pu rencontrer : adapter sa vitesse s’il pleut, s’il y a des travaux, un marché très fréquenté, etc. En cas de circulation intense à une intersection ou s’il se sent en difficulté, lui dire de ne pas hésiter à descendre de vélo pour aborder un carrefour comme un piéton. Lui apprendre à choisir son itinéraire à l’avance et à bien vérifier son vélo avant de partir : les freins bien réglés (les leviers ne doivent pas pouvoir toucher le guidon), les pneus bien gonflés, les feux arrières et avant en état de marche, les roues équipées de réflecteurs. En option, un casque et des bandes réfléchissantes pour être plus visible.

Enfin, afin de tester son analyse des situations vous pouvez, lorsqu’il vous semble plus aguerri, proposer à votre enfant de prendre la tête de l’équipée familiale et d’être, à son tour, le cycliste chef de file !

Bonne route !