150 ans de la Commune : de Montmartre à l’Hôtel de Ville, marchez sur les traces d’un communard

150 ans que cette période d’insurrection et de soulèvement populaire, évoquant la guerre civile, a marqué aussi bien le début de la IIIe République que l’Histoire. Redécouvrez, à travers cette balade, les grandes étapes de la Commune de Paris, réel symbole de lutte des classes…

 

 

Un peu d’histoire

Mais avant de devenir un Communard, petite rétrospective des évènements pour comprendre ce qui a poussé le peuple parisien à se soulever.

Quand Napoléon III perd la bataille de Sedan le 4 septembre 1870, lors de la guerre franco-prussienne, les Parisiens refusent la fin des combats et la IIIe République est proclamée à l’Hôtel de Ville. Assiégée par l’armée prussienne du 19 septembre 1870 à janvier 1871, Paris fait face aux bombes, au froid mais surtout à la faim. Les Parisiens durent se résigner à manger les animaux de la ville : chevaux, chats, chiens, rats, animaux du zoo. Cependant, le gouvernement signe l’armistice en janvier 1871, forçant Paris à capituler. L’élection d’une assemblée nationale est organisée : ce sont les royalistes ruraux qui remportent la majorité. Mais le peuple parisien ne ressent qu’humiliation et trahison, d’autant plus que l’Assemblée enchaîne les maladresses (fin du moratoire des effets de commerce et de loyers, défilé des Prussiens dans la capitale… ).

Le président Adolphe Thiers connaît Paris et craint une rébellion : il met lui-même le feu aux poudres en donnant l’ordre de reprendre les canons, installés à Montmartre et à Belleville, dans la nuit du 17 au 18 mars 1871. Et là, commence la Commune…

Départ : station n°18006, Square Louise Michel

Arrivée : station n°4017, Place de l’Hôtel de Ville

Durée : 2h

 

Square Louise Michel : une butte révoltée, une femme révolutionnaire

Nous débutons cette balade dans le square qui rend hommage à cette fameuse “louve avide de sang”. Cette dernière, comme d’autres femmes, passe de l’enseignante “soldat de la civilisation” à soldat pour la Commune, vivandière, ambulancière…. puis oratrice durant ces deux mois de révolte, du 19 mars au 28 mai 1871. Accusée d’être une des “pétroleuses” qui incendient nombre d’institutions à Paris, elle prône la démocratie directe et l’éducation pour tous afin de “donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter”. Elle paiera le prix de ses convictions par la prise en otage de sa mère : afin d’obtenir sa libération, Louise se rendra aux Versaillais. Celle qui inspirera Hugo pour son “Viro Major” réclamera la mort au tribunal alors que les autres accusés tenteront de minimiser leurs actions. Exilée en Nouvelle-Calédonie, elle reviendra de sa peine en anarchiste (créant au passage le fameux drapeau noir), un an avant le début des travaux de la basilique du Sacré-Cœur… La basilique serait construite à l’endroit exact où ont été assassinés les généraux Clément-Thomas et Lecomte, après avoir tenté de récupérer les canons parisiens.

🚲 Station Vélib’ : station n°18006 – Square Louise Michel

 

 

La maison d’Adolphe Thiers – une répression féroce

Après avoir longé le boulevard Barbès, découvrez, au 28 place Saint-Georges, la maison d’Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif de la toute fraîche République française. Comme Louise Michel, Adolphe Thiers est un fervent opposant au Second Empire puis à l’Assemblée Nationale monarchiste. C’est dans cette maison qu’il écrit son Histoire du Consulat et de l’Empire mais ce n’est pas de cette anecdote dont se souviennent les Parisiens… Adolphe Thiers est le commanditaire de la répression féroce de la Commune, lors de la “Semaine Sanglante” du 21 au 28 mai 1871. Trois mois plus tard, il sera officiellement le premier président de la IIIe République.

🚲 Stations Vélib’ : station n° 9021 Saint Georges – d’Aumale ; station n°9020 – Toudouze – Clauzel

 

Félix Potin – Les Parisiens ont faim !

Rendez-vous ensuite au 51 rue Réaumur et observez bien la façade de cet immeuble : vous connaissez peut-être cette enseigne de grands magasins qui a fermé ses portes en 1995 ! Précurseur de nos supermarchés modernes, Félix Potin visait une qualité inchangée mais à des prix bas, en misant sur la vente en grande quantité et en limitant, par exemple, les intermédiaires avec les producteurs. La guerre, le siège de Paris, les bombardements, l’hiver 1870 extrêmement rigoureux n’ont pas élimé ses convictions : il organise le rationnement dans ses boutiques et œuvre pour les cantines nationales. Il achète même Castor, un éléphant du jardin d’Acclimatation, pour le vendre en tranches ! Opportuniste ou philanthrope ? La foule faisant la queue à la porte de son épicerie en novembre 1870 a été immortalisée par une peinture d’Alfred Decaen et Jacques Guiaud. L’œuvre témoigne autant du vaste contexte de la Commune que de la complexité à juger, même aujourd’hui, ses protagonistes !

🚲 Stations Vélib’ :  station n°2003 – Saint Denis – Réaumur ; station n°2001 – Greneta – Sebastopol

 

 

Rue de la Fontaine au Roi – la dernière barricade

Passez par la place de la République et filez au 17 rue de la Fontaine au Roi – c’est ici (ou non loin) que la dernière barricade des Communards tomba. L’internationaliste Eugène Varlin, le blanquiste Théophile Ferré et le chansonnier du fameux Temps des Cerises (1866) Jean-Baptiste Clément, participèrent aux dernières barricades et combattirent ensemble lors de la Semaine Sanglante face à 120 000 soldats versaillais qui brisèrent unes à unes les barricades parisiennes. Les historiens débattent encore du nombre réel de Communards au combat aussi bien pour des raisons pratiques (la garde étant dispersée) que pour des questions de conviction et d’implication révolutionnaires : les chiffres oscillent entre 20 000 et 170 000.

La dernière barricade tombe ainsi le lendemain du massacre du Mur des Fédérés au Père Lachaise, où 147 Communards y sont exécutés. Traditionnellement, la commémoration des victimes de la Semaine Sanglante y est célébrée.

🚲 Station Vélib’ :  Station n° 11034 – Parmentier – Fontaine au Roi

 

La Bastille – D’une Révolution à l’autre, à travers les siècles

Après avoir descendu les boulevards Voltaire et Richard Lenoir, retrouvons-nous Place de la Bastille. Ce lieu reste aujourd’hui un concentré d’esprit révolutionnaire ou du moins revendicatif : la prise de la prison de la Bastille en 1789, la Colonne de Juillet, diverses manifestations contemporaines… Le 24 mai 1871, les Communards tentent de faire tomber cette colonne, érigée pour commémorer la révolution de juillet 1830 mais surtout le symbole de Louis-Philippe dont Adolphe Thiers n’est qu’un ancien conseiller…

En 2021, la Commémoration de la Commune a démarré le 18 mars, sur la place de la Bastille, symbole des révolutions.

🚲 Stations Vélib’ : station n° 11001 – Richard Lenoir – Place de la Bastille ; station n° 12001 – Bastille – Biscornet

 

 

Square George Caïn – Musée lapidaire à ciel ouvert

La Commune entraîna dans sa chute de nombreuses disparitions : humaines mais aussi architecturales et culturelles. En représailles de la Semaine Sanglante, Paris brûle : les Tuileries, l’Hôtel de Ville, le Palais de Justice, la Préfecture, la Cour des Comptes (située dans l’ancien palais d’Orsay)… Les premières collections du musée Carnavalet brûlent dans l’incendie de l’Hôtel de Ville où elles étaient entreposées : aujourd’hui, ce sont les vestiges de la Commune et de ses destructions qui sont exposées dans le musée et son jardin. Retrouvez le fronton du pavillon central, et son horloge, du palais des Tuileries : il reste, aujourd’hui encore, noirci par les flammes de l’incendie… Avant de clore cette balade, observez la rosace tirée de l’ancien Hôtel de Ville.

🚲 Station Vélib’ : station n° 3002 – Saint Gilles – Turenne

 

Hôtel de Ville : détruire et reconstruire

Remontons la rue de Rivoli pour arriver en face de l’Hôtel de Ville, dernière étape de notre balade et ultime symbole politique de la Commune.

Le 24 mai 1871, les huit millions d’actes originaux disparaissent en fumée avec l’Hôtel de Ville de style Renaissance : les Communards souhaitaient mettre en place un réseau de Communes libres et indépendantes d’un pouvoir centralisé. L’édifice s’écroule, mais le conseil municipal, lui, se réfugie au palais du Luxembourg. Deux ans plus tard, un nouveau projet d’Hôtel de Ville, deux fois plus grand, voit le jour. Il est achevé en 1882. Comme l’auraient voulu les Communards, ce nouveau bâtiment se veut une « maison du peuple » ultra moderne, avec chauffage central, électricité, téléphone et ascenseurs.

🚲 Station Vélib’ : station n°4017 – Place de l’Hôtel de Ville