Balade en pleines années folles : direction Montparnasse !

Si l’on vous dit : Kiki de Montparnasse, Hemingway, Joséphine Baker, vous pensez ? Aux Années folles bien sûr ! Suivez le guide et remontez le cours de l’Histoire sur fond de jazz et de charleston pour découvrir cette période où la gaieté, l’effervescence et la joie furent de mise en plein cœur du quartier de Montparnasse.

Station de départ : Station n°6005 Montparnasse – Square Ozanam

Station d’arrivée : Station n°14101 Gare Montparnasse – Edgar Quinet

Distance parcourue : environ 4 km

Durée de la balade : environ 1h30 – pas de dénivelé particulier. Ce parcours en ville emprunte des voies partagées avec les bus et les taxis… Évitez donc les heures de pointe et soyez vigilant.e à votre environnement !

 

Après avoir récupéré votre Vélib’, prenez la prochaine à gauche, boulevard du Montparnasse. Les cyclistes partagent la voie des taxis et des bus, située au milieu du boulevard, soyez vigilant.e au monde autour de vous. Faites un stop au niveau du carrefour Vavin, entre le 108 et le 105 boulevard du Montparnasse, à l’abri de la circulation et sans gêner. Vous avez désormais une vue dégagée sur les quatre plus célèbres brasseries de Montparnasse : Le Dôme, La Rotonde, La Coupole et Le Sélect.

 

Carrefour de brasseries, au cœur vibrant des Années folles

© Paris Montparnasse, Café du Dôme, Carte postale d’A. Leconte, Paris, Wikicommons

 

Le quartier de Montparnasse a toujours mêlé culture et ambiance populaire : déjà au XVIIe siècle, les étudiants du quartier latin voisin venaient y déclamer leurs vers ! Il n’en fallut pas plus à ses derniers pour rebaptiser cette « colline de gravats », en hommage au “Mont Parnasse” d’Apollon.

Les quatre célèbres brasseries qui se trouvent sous vos yeux rassemblaient alors bon nombre d’artistes et de personnalités reconnus : Hemingway, Man Ray, Picasso, Vlaminck… certaines même, comme La Rotonde, acceptaient des croquis en guise de paiement de l’addition !

La Coupole abrite quant à elle des piliers peints par 27 peintres dont Kisling, Fernand Léger ou encore Marie Vassilieff. C’est également ici qu’Alice Prin, plus connue sous le surnom de Kiki, devint la Reine de Montparnasse ! Modèle, peintre, écrivaine et danseuse de cabaret, elle fut une figure phare des Années folles. Sa vie est retracée dans un splendide roman graphique si son histoire vous fascine.

Au niveau de la place Pablo Picasso, traversez le boulevard du Montparnasse puis le boulevard Raspail. Prenez à gauche, rue de la Grande Chaumière et arrêtez-vous au numéro 14.

 

La Grande Chaumière, de la fête au travail

© Photographie, Cours de Zadkine à l’Académie de la Grande Chaumière, Musée Zadkine de Paris

 

Avant de devenir une académie où furent formé.e.s les plus grand.e.s, la Grande Chaumière était un bal à ciel ouvert au XVIIIe siècle ! Situé en dehors des enceintes de la ville, les boissons y étaient moins taxées, l’ambiance plus propice aux réjouissances…la réputation de Montparnasse comme cœur de la fête n’en est alors qu’à ses prémices.

La Grande Chaumière désigna par la suite une académie dédiée à la peinture et à la sculpture. Delacroix, Manet, Picasso et Cézanne (rien que ça !) comptèrent parmi ses étudiants les plus célèbres. Le succès de cette école s’explique par la liberté qui l’animait : toutes les formes ou techniques pouvaient s’y exprimer, s’affranchissant ainsi des tendances (et du carcan) académiques qui régnaient alors.

Le quartier continue par la suite à être le refuge de peintres : au 8 de cette même rue se trouvait l’atelier de Gauguin puis de Modigliani.

Descendez la rue de la Grande Chaumière puis prenez, sur votre droite, la rue Notre-Dame-des-Champs. Tournez à droite sur l’avenue de l’Observatoire… Et ouvrez grand les yeux : bienvenue à la Closerie des Lilas !

 

La Closerie des Lilas, le repaire

©  Affiche La Redoute des étudiants, Jules Cheret, Wikicommons

 

Hemingway l’écrivait dans ses mémoires : « Il n’était pas de bon café plus proche de chez nous que la Closerie des Lilas, et c’était l’un des meilleurs cafés de Paris. Il y faisait chaud, l’hiver ; au printemps et en automne, la terrasse était très agréable… »

Mais la Closerie des Lilas, avant d’être le repère des Montparnos, était une ancienne guinguette où l’on trouvait chambres, boissons et repas pour bourses menues. Dès sa création en 1847, la Closerie fut un lieu de rencontre où artistes et intellectuels aimaient se retrouver aussi bien pour débattre que pour danser. On dit que c’est ici qu’une dispute éclata entre Tristan Tzara et André Breton, sonnant la fin du dadaïsme et donnant naissance au mouvement surréaliste. C’est encore à une table de la Closerie que Fitzgerald fit lire son chef d’œuvre Gatsby Le Magnifique à Hemingway. Toujours dans cette tradition littéraire, le prix de la Closerie des Lilas récompense chaque année depuis 2007 un livre écrit par une écrivaine. La littérature n’est jamais bien loin, à l’ombre des fleurs…

Tournez à gauche, boulevard du Port-Royal. Si vous n’êtes pas à l’aise dans ce carrefour, n’hésitez pas à traverser via les passages piétons (mais à pied à côté du vélo) ! Prenez la prochaine rue à droite, rue du Faubourg Saint-Jacques, puis de nouveau la première à droite, rue Cassini.

 

Les maisons-ateliers de la rue Cassini, l’art à votre porte

© Maisons ateliers de la rue Cassini, Vélib’ Métropole

 

Observez ces trois maisons-ateliers, situées au 3bis, 5 et 7 rue Cassini. Derrière ces étonnantes façades, œuvres des architectes Louis Süe et Paul Huillard au début du XIXe siècle, se cachent les maisons des peintres Lucien Simon, Jean-Paul Laurens et Czernichowski.

Rendez-vous au n°12 de la rue. Sur cet immeuble en béton armé construit entre 1930 et 1931 par l’architecte Charles Abella, vous pouvez apercevoir une frise. Admirez ce bas-relief typique de l’Art déco par le sculpteur Xavier Haas, qui vécut lui-même ici.

Les grandes verrières sur la cour cachent des duplex destinés à des ateliers, et derrière ces portes vécut un autre homme célèbre pendant quelque temps : Jean Moulin. Une plaque commémorative lui rend hommage.

Revenez sur vos pas à pied, la rue Cassini étant en sens unique. Reprenez la rue du Faubourg Saint-Jacques sur votre droite avant de tourner sur le boulevard Arago, de nouveau sur votre droite.

Traversez l’avenue Denfert-Rochereau : redoublez de vigilance aux passages piétons, que vous soyez à vélo ou à pied ! Descendez le boulevard Raspail, au feu prenez à gauche puis tout de suite à droite la rue Victor Considérant. Tournez à droite sur la rue Victor-Schoelcher.

 

Montparnasse, une institution avec l’institut Giacometti et la Fondation Cartier

© Façade Institut Giacometti, Vélib’ Métropole.

 

Si aujourd’hui cet hôtel particulier et cossu rend hommage à l’artiste Giacometti, ce dernier vécut beaucoup plus sobrement pendant la plus grande partie de sa vie. En effet, il partagea, jusqu’à sa mort en 1966, un modeste atelier situé au 46 rue Hippolyte-Maindron, avec son frère Diego. Mais la Fondation Giacometti souhaitait faire honneur à l’artiste en se rapprochant du cœur des Montparnos : l’atelier du sculpteur y a alors été reconstitué, avec des œuvres inédites, celles-ci ayant été conservées pendant des années par Annette Giacometti, son épouse.

 

Continuez tout droit jusqu’à l’angle du boulevard Raspail.

 

Autre merveille architecturale de Montparnasse : après l’Institut Giacometti, saluez la Fondation Cartier ! Écrin de verre et d’acier créé par l’architecte Jean Nouvel, la Fondation chamboula le monde de l’art en offrant aux artistes, qu’ils soient déjà connus ou non, un espace d’exposition… Grâce à elle, certains artistes bénéficient aujourd’hui d’une renommée internationale.

 

Traversez le boulevard Raspail et rejoignez la piste cyclable, sur votre gauche. Roulez jusqu’aux grilles du Passage d’Enfer, situé au 247 boulevard Raspail. Nous comptons sur votre discrétion, après avoir poussé la grille : cette petite ruelle pavée respire la tranquillité… Et ces petites maisons, anciennes cités ouvrières, contrastent avec les ateliers d’artistes que vous venez d’admirer ! Au bout du passage, ouvrez la grille et sortez, rue Campagne-Première. Placez-vous sur le trottoir pour avoir une jolie vue sur cet hôtel où Aragon vécut sa plus belle histoire d’amour.

 

Bienvenue rue Campagne Première, au cœur des Montparnos !

© 31-31 bis rue Campagne-Première, de Jmgobet sur Wikicommons

 

Admirez le luxueux Hôtel Istria… Dans les Années folles, les prix étaient bien plus accessibles : les chambres s’y louaient au mois ! C’est entre ces murs que naquit l’histoire d’amour mythique entre Aragon et Elsa Triolet : l’écrivaine vécut dans la chambre n°12 de 1924 à 1929. Dévorez son roman Camouflages où elle détaille sa vie à Montparnasse…

Man Ray dormait également à cet hôtel, son atelier était situé un peu plus bas dans la rue, à gauche du 31 bis. Il y vécut avec sa muse, Kiki de Montparnasse. Cette dernière fut immortalisée par l’artiste avec le célèbre Violon d’Ingres et leur relation tumultueuse en fit parler plus d’un !

 

Faites quelques pas en direction du boulevard Raspail, vous trouverez l’entrée d’un square aux bancs d’un bleu bien particulier… Vous ne vous trompez pas, il s’agit du bleu Klein : le peintre avait effectivement son atelier situé au 14 rue Campagne Première ! Il y réalisa la majeure partie de ses œuvres et créa, dans la foulée, avec Pierre Restany, critique d’art, le mouvement du “Nouveau Réalisme”.

 

En face, sur le boulevard Raspail, vous apercevez une grande maison à colombage.

 

Avant-dernière étape de notre périple et pas des moindres : admirez l’atelier de Pablo Picasso ! Il confectionna ici, entre septembre 1912 et septembre 1913, ses premiers papiers collés. La légende raconte qu’il trouvait l’inspiration dans les cafés du boulevard Montparnasse…

 

Traversez le boulevard Raspail, en redoublant de vigilance, pour rouler tout droit jusqu’au boulevard Edgar Quinet. Nous vous conseillons de continuer jusqu’à la station Vélib’ n°14101 pour y déposer votre vélo et revenir ensuite à pied.

 

Envie de continuer ?

© La Gaîté Montparnasse, Vélib’ Métropole.

 

Faites un tour rue de la Gaîté, connue dans tout Paris pour ses multiples théâtres. Admirez le théâtre Bobino situé au n°20 de la rue : d’abord prénommé bal constant en 1800, il devint dès 1927 ce music-hall aux lourdes tentures rouges… Il accueille des personnalités comme Erik Satie, Robert Desnos et Blaise Cendrars !

Le théâtre de la Gaîté Montparnasse, situé au 26 rue de la Gaîté, s’inscrit dans la même lignée : fondé en 1868, il devient, après la Seconde Guerre mondiale, un théâtre où Jean Cocteau, Alphonse Allais et Prévert se produisirent.

Jetez un œil au 8 bis rue de l’arrivée : vous y retrouverez le Grand Point-Virgule que nous avions évoqué dans notre balade sur le Paris du Rire, le mois dernier.