Qui aurait pu prédire qu’un cimetière attirerait autant les foules ? Le Père Lachaise est un monument à lui tout seul : on s’y perd, on s’y promène à la recherche des tombes les plus connues et d’histoires amusantes. On ne vous emmènera pas sur celle de Jim Morrison, trop prévisible… Nous préférons lever le voile sur d’autres stèles du Père Lachaise.
Edith Piaf – 96ème division
Ah, la Môme, la fameuse, l’enfant terrible de Paris. Nous avions évoqué sa vie et ses secrets dans notre précédente newsletter. En 1963, sa disparition fit pleurer la France : le cortège funèbre fut suivi, entre sa demeure Boulevard de Lannes et le cimetière, par la bagatelle d’un demi-million de personnes.
Elle est enterrée avec son père, Louis-Alphonse Gassion, sa fille Marcelle et son dernier mari Théo Sarapo. Mais des hommes qui marquèrent sa vie reposent également non loin d’elle, comme Georges Moustaki qui lui composa Milord ou Bruno Coquatrix, directeur général de l’Olympia de Paris, tous les deux inhumés dans la 96ème division.
Eugène Delacroix
Son goût de l’esthétique, du beau, poursuivra Eugène Delacroix jusque dans la mort. “Mon tombeau sera au cimetière du Père-Lachaise, sur la hauteur, dans un endroit un peu écarté. Il n’y sera placé ni emblème, ni buste, ni statue. Mon tombeau sera copié très-exactement sur l’antique, ou Vignole, ou Palladio, avec des saillies très-prononcées, contrairement à tout ce qui se fait aujourd’hui en architecture.” avait-il souhaité.
Chose demandée, chose faite : son mausolée est copié sur le sarcophage de Scipion Barbatus, décoré de métopes et de triglyphes.
Apollinaire
Située dans la division 86, la tombe de Guillaume Apollinaire surprend, comme celle d’Eugène Delacroix.
Surmontée d’un menhir, d’un extrait du recueil “Calligrammes” et d’un calligramme de tessons verts et blancs en forme de cœur « mon cœur pareil à une flamme renversée », le charme de la tombe réside dans l’indéfectible histoire d’amitié qui s’y cache.
Trois ans après son décès, en 1921, Picasso constitue un comité pour financer le monument de la tombe d’Apollinaire. Plusieurs œuvres, dont certaines de Matisse et de Picasso, seront ainsi vendues aux enchères. Le menhir sera réalisé par Serge Férat, Picasso ayant proposé plusieurs projets, tous refusés. Trop avant-gardiste peut-être…
Frédéric Chopin
Classée au titre des monuments historiques, la tombe de Frédéric Chopin attire l’œil. Un comité, composé d’Eugène Delacroix et de Camille Pleyel, confie la réalisation d’une statue à Auguste Clésinger pour orner le mausolée. Le sculpteur choisit d’y représenter Euterpe, la muse de la musique, en pleurs.
Cependant, Euterpe pleure certes sur le corps mais non sur le cœur de Chopin : une de ses dernières volontés étant d’enterrer ce dernier à Varsovie. Son cœur sera entreposé, dans un premier temps, dans la maison familiale, puis dans les catacombes de l’Église de la Sainte-Croix.
Le mausolée Demidoff
L’esprit humain regorge d’imagination… C’est la pensée qui nous effleure lorsque l’on découvre pour la première fois le mausolée Demidoff. Lieu de repos de la comtesse éponyme, il est surtout un poil tape-à-l’œil et imposant : pas moins de dix colonnes y soutiennent un sarcophage antique en marbre blanc.
Mais le plus cocasse tient aux nombreuses légendes qui perdurent autour de ce mausolée. L’une d’entre elles met en scène la comtesse elle-même, vampire dans son cercueil de cristal, qui aurait mentionné dans son testament qu’elle céderait l’intégralité de sa fortune à la personne réussissant à passer un an dans le caveau… Légende qui dépasse les frontières : en novembre 1893, le Sunday Herald de Chicago publie un article invitant les Américains à tenter leur chance !